Face à la grippe A, l'Europe privilégie vaccins et prévention

Les autorités des pays européens se préparent à une pandémie de grippe A(H1N1) touchant un tiers de la population à l'automne mais ne prévoient pas la fermeture des écoles ou d'autres mesures drastiques. Lire la suite l'article

Elles privilégient pour le moment les mesures de prévention sur l'hygiène et comptent sur les vaccins dès que possible, tout en espérant que la mortalité du virus n'augmentera pas.

Quelque 200.000 doses de vaccin sont arrivées en Grande-Bretagne, d'autres en France, et les pays européens pensent pouvoir l'utiliser au mois d'octobre. Juste à temps, espèrent-ils, pour stopper une pandémie massive.

L'Italie, comme l'Espagne, la France et d'autres, voudrait vacciner 30 à 40% de sa population. "Il faut penser que l'impact indirect suffirait à empêcher le virus de se répandre rapidement dans la population", dit l'épidémiologiste Giovanni Rezza, de l'Institut supérieur de la santé italien.

La France pense pouvoir activer son dispositif de vaccination facultative et gratuite le 28 septembre, a dit jeudi la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, qui a commandé 94 millions de doses de vaccins.

Des messages de prévention sont diffusés à la télévision, à la radio et sur internet du 25 août au 25 septembre.

La rentrée dans l'Education nationale aura bien lieu le 2 septembre. Des classes seront fermées dès que trois cas de symptômes grippaux surviendront dans une même classe en l'espace d'une semaine.

En Slovénie, "tous les professeurs ont eu des instructions et chaque foyer recevra une brochure donnant des consignes d'hygiène", a dit la porte-parole de la ministre de la Santé.

Le gouvernement espagnol donnera la priorité à la vaccination des professionnels de santé et des instituteurs mais a refusé de reporter la rentrée scolaire, comme le demande l'opposition.

TRANSMISSION ACCÉLÉRÉE

La fermeture de nombreuses écoles, comme lors de l'arrivée de la grippe A(H1N1) en Grande-Bretagne au printemps dernier, n'est prévue par aucun gouvernement.

Les experts comprennent cette décision.

Dans une étude publiée fin juillet, des scientifiques britanniques ont prévenu que la fermeture des écoles pourrait retarder le pic de la pandémie mais n'empêcherait pas la propagation de la maladie.

Elle entraverait le fonctionnement de l'économie car les parents resteraient auprès des enfants, ont ajouté ces chercheurs de l'Imperial College de Londres.

Bien que le virus ne fasse que fragiliser les malades dans la plupart des cas, certains développent des complications et de jeunes enfants, des femmes enceintes ou des personnes souffrant d'obésité ou de diabète en sont mortes.

"Reste que cette maladie n'est pas mortelle mais qu'elle peut tuer", rappelle Liam Donaldson, conseiller pour la santé du gouvernement britannique.

La grippe A(H1N1) a tué 1.799 personnes jusqu'a présent, selon l'Organisation mondiale de la santé.

Dans l'hémisphère sud, en période hivernale, le virus semble se répandre plus rapidement.

"Le nombre d'Européens infectés est assez faible mais il semble inévitable que l'Europe doive se préparer à une transmission automnale et hivernale", prévient Angus Nicoll, spécialiste de la grippe au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), basé à Stockholm.

"Il en faudra peu pour que (les pays européens) basculent vers une transmission accélérée", ajoute-t-il.

La rentrée scolaire pourrait être le déclencheur.

Avec Service France, Stephen Brown à Rome, Alexandra Zawadil à Vienne, Manca Ulcar à Ljubljana et Judy MacInnes à Madrid, version française Clément Guillou

Reuters Kate Kelland

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