H1N1- L'antiviral Tamiflu pourrait servir en prévention de la grippe A.

Roche détient une des principales armes de lutte contre la grippe A et veut que cela se sache. Selon le laboratoire suisse, son antiviral vedette, recommandé par l'OMS pour soigner le virus H1N1, peut également servir en prévention, notamment pour les groupes les plus exposés comme le personnel médical. C'est ce qu'affirme le responsable de la "task force" de Roche contre la pandémie, David Reddy.

Le directeur de la division pharmacie du groupe helvétique, William Burns, interrogé par l'Agence France-Presse, précise de son côté que l'utilisation de l'antiviral en prophylaxie pouvait notamment être souhaitable dans certains cas, comme pour les mères d'enfants malades ou encore dans les maisons de retraite où un cas de grippe H1N1 est avéré. William Burns reconnaît également que la capacité de production de l'antiviral est "largement supérieure" à la demande. Alors, s'agirait-il d'une pure opération de communication du laboratoire afin de vendre les excédents ?

Pas tout à fait, à en croire le professeur Flahault. Le directeur de l'École des hautes études en santé publique confirme l'utilité d'une large utilisation du Tamiflu. Il est aussi "efficace en traitement préventif", car "il y a encore peu de résistances". "C'est donc le moment de l'utiliser, car après, il risque d'être durablement inutile", déclarait-il au Monde fin août.

Le "no-comment" de Paris

L'utilité même du vaccin est ainsi remise en cause alors que la France a commandé plus de 94 millions de doses. D'ailleurs, d'après l'ancien directeur de Roche France, Pierre Bonnet, la question de l'utilisation du Tamiflu en préventif pour certains groupes de population est au coeur des discussions de nombreux gouvernements. Leur choix, selon lui, sera dicté par la gravité et l'étendue de l'épidémie en fonction du timing de l'arrivée des vaccins.

Contacté par lepoint.fr, le ministère de la Santé se refuse à commenter cette dernière information. Il rappelle toutefois que la prise d'un médicament "n'est jamais anodine" et que le consensus scientifique considère qu'une utilisation préventive du Tamiflu "peut développer des résistances" au sein de la population. Et il précise que la France n'envisage donc pas d'y avoir recours en prévention, même en complément de la vaccination. Et le ministère de marteler : "La situation sanitaire ne le justifie absolument pas."
Par Marc Vignaud
Source: lepoint.fr

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